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Les monographies sur les royautés africaines font apparaître limplication constitutionnelle du souverain dans le cycle végétatif. Une fonction du roi du grain quest le roi archaïque est de survivre a lannée au détriment de sa doublure annuelle quest le roi de paille. Il est dit à Porto-Novo, par exemple, au terme dun rituel de prémices, que le roi a échangé la mort. On pourrait poser, en une première approche, que le roi est investi dans le cycle annuel de telle sorte que, au terme échu, sa vertu végétative ou sa capacité à induire la production naturelle épuisée, il doit céder la place. Il existe, en effet, une corrélation, implicite ou explicite, entre la liturgie qui rythme le calendrier agricole et la liturgie proprement royale. (La corrélation des rites de régénération du roi et des rites régénération de lannée a été souvent décrite. Les données les plus riches sous ce titre concernent le rite swazi de lIncwala présenté par Hilda Kuper (1944, 1947, 1952, 1963), où les personnages royaux assument explicitement des fonctions astrales et où le drame rituel formalise le passage de lannée au moment du solstice de lété austral). Chaque année donne à entendre le retentissement du régicide ; chaque moisson est, en un sens, la répétition du drame final. Adler (1982 : 334) a pu ainsi caractériser cette relation de lannée et du règne par lexpression de mise en abîme. Cest la même chose qui se joue lan I et lan VII (ou VIII). Et pourtant, ça nest pas la même chose. Et pas seulement, contrairement à ce qui vient dêtre dit, parce que le roi serait usé par le pouvoir et réputé désormais incapable dincarner le renouveau de la nature (explication de type frazérien). La différence entre lan I et lan VII ne procèderait pas seulement de la différence entre létat de grâce et létat de disgrâce. Lan VII ne serait pas une fin de règne, quand on décrit par cette expression lusure des mandats électoraux, rituels ou politiques. Quy a-t-il donc dans le chiffre 7 qui tranche le fil de la vie des rois ?
Cette interdépendance de la périodicité annuelle et de la périodicité de la souveraineté, cette prémonition de la mort du roi dans sa victoire sur lannée, nous croyons, suivant en cela Jeanmaire et un certain nombre de spécialistes, quune telle et même connexion peut être décelée, mutatis mutandis, en Grèce archaïque et principalement dans les rituels qui rythment la geste de Thésée et ceux qui règlent sa commémoration.
La liturgie agraire comporte deux temps forts touchant la récolte : la fête de prémices et la fête des moissons. Il sagit, dans la fête des prémices, dassurer la récolte en se prémunissant contre le risque que les produits de la terre narrivent pas à maturité. On consacre les premiers fruits et on propitie les puissances. Il sagit, dans le rituel des moissons, de conférer à la graine la nature de semence - de bonne semence, nous y avons fait allusion. Le temps des prémices est un temps particulièrement critique dans la mesure où cest une période de soudure alimentaire. Un poète grec du VIIe siècle, Alcman de Sardes (Alcméon), caractérise cette conjoncture en disant : Tout pousse, mais il n'y a pas grand-chose à manger. Précisément, un proverbe swazi (une population dAfrique du Sud dont les rituels royaux ont été particulièrement étudiés) énonce à propos de la période correspondante dans lhémisphère austral : On mange les déchets qui restent entre les dents. À moins de manger son blé en herbe, autrement dit, il ny a donc pas grand-chose à se mettre sous la dent.
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