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anthropologie du droit
ethnographie malgache

présentation
3 Éléments d'Ethnographie Réunionnaise
Mots clés : Créolité Ancestralité Citoyenneté Départementalisation Patrimoine
Champs : Anthropologie du développement Anthropologie de l'image Patrimoine
Sociétés créoles Histoire postcoloiale Sociologie des institutions


1- Vingt ans après

2- Barreaux (en construction)
architecture créole

3- "Types de la Réunion" (en construction)
(don à la Société de Géographie du 6 novembre 1885)

4- Ancestralité, communauté, citoyenneté :
les sociétés créoles dans la mondialisation (dossier pédagogique)

5- Madagascar-Réunion :
l'ancestralité (dossier pédagogique)

6- Ethnographie d'une institution postcoloniale :
Contribution à l'histoire de l'université de la Réunion (1991-2003)


introduction : éléments d'analyse
présentation thématique
liste chronologique

Quelques bons docteurs au chevet de l'institution...


le 16 mai 1997

Cher Collègue,

Par principe, je respecte ceux que je vois travailler, sans me poser davantage de questions. Tu n’aurais pas dû, en cela, te sentir concerné par le point de vue que j’ai exposé.

En revanche, il arrive que je sois directement concerné par les actions de mes collègues et c’est dans cette seule mesure que je prends ma plume. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer, dans une de ces lettres qui finissent composer, sans que je l’aie cherché, une sorte de sociologie involontaire de notre institution, que je ne me manifestais que lorsque les intérêts du département dont je fais partie étaient en cause. Ce que tu pourras facilement vérifier si - ce que je n’ose croire - tu conserves les papiers que j’ai commis sur le fonctionnement de la Faculté.

C’est donc une erreur matérielle, facile à redresser, et une erreur de psychologie, plus conséquente, que de me prêter un quelconque solde de “comptes à régler” avec qui que ce soit.

Je suis ainsi concerné – et toi aussi, tu le verras – quand une étudiante vient me voir pour s’inscrire en D.E.A. en m’exhibant fièrement un mémoire qui vient de lui valoir la mention Très Bien. Je lis bien entendu consciencieusement le document, à la facture d’ailleurs soignée, pour constater, pratiquement dès la première page et de manière répétitive un impressionnant concentré d’âneries du type de celles qui consistent à prendre, comme dit la fable de la Fontaine, le Pirée pour un homme, le summum étant atteint quand la candidate, présentée dans les journaux comme une sociologue du Chaudron, se lance, après avoir probablement interrogé une banque données au mot “cité”, dans une comparaison grotesque (le mot est faible), plusieurs fois reprise, de la cité H.L.M. avec le célèbre ouvrage de Fustel de Coulanges – à côté duquel il est difficile de ne pas passer quand on a fait des études – la Cité antique (1865, si ma mémoire est bonne).

Le responsable de ces âneries les ayant soit dictées, je l’ai vérifié (ainsi doit-on écrire, par exemple, selon lui, "op. cité", mélangeant sans vergogne le latin et le français et montrant par là qu’on ignore jusqu’à l’alphabet de la culture de base) soit laisser fleurir, la question se pose évidemment de savoir comment ce phénomène a pu devenir Maître de Conférences à l’université de la Réunion – ayant d’ailleurs été déclassé pour incompétence par le C.N.U. en 1991.

Tout simplement – si l’on peut dire – parce que “les moyens d’évaluation scientifique” à la Faculté, comme tu me l’accordes dans ta lettre, laissent pour le moins à désirer... Car “[tu n’es] pas sans ignorer”, pour user d’une expression qu’emploie bravement ton directeur de laboratoire (dans une lettre adressée à “tous les directeurs de département”) qu’y prospèrent des intérêts qui n’ont que très peu à voir avec ce que la morale scientifique la plus élémentaire commande. Il n’est évidemment pas question de se faire l’inquisiteur de qui que ce soit et je pourrais me réjouir - si j’avais des comptes à régler - de voir à quelle mascarade - j’ai d’autres exemples au moins aussi affligeants - la cascade d’incompétence que je dénonce depuis longtemps aboutit. Le vrai problème, qui te concerne comme moi, c’est que les victimes de cette incompétence sont, tu le sais, les étudiants et que les individus en cause non seulement occupent, à la place d’autres, des postes pour lesquels ils ne sont pas capables, mais disqualifient les diplômes de ceux qu’ils sont payés pour former – sauf à dire, comme je l’ai entendu, que tout ça ne prête pas à conséquence à la Réunion...

L’intéressé ayant été poussé là où il est – ayant pour tout diplôme un mémoire d’ethnologie que mon prédécesseur, qui s’en mord aujourd’hui les doigts, lui a généreusement donné – par quelqu’un ayant été lui-même habilité sur une [équivoque] à la traduction (deux membres de son jury, [N0] et [X], ayant publiquement déclaré, mais trop tard, qu’ils avaient été roulés dans cette habilitation), il y a là un cas d’espèce de ce que j’ai appelé ailleurs le “syndrome de l’armée coloniale des Indes”.

Quand ce sont donc ceux-là même qui sont arrivés au mépris de toute règle qui font publiquement le sacrifice de leur personne pour remédier à la crise, qu’il me soit permis – et je n’ai pas été le seul, crois-moi, à avoir cette réaction à la lecture de l’appel en cause – d’en rire...

Sans doute peut-il s’avérer utile d’avoir un habile homme dans sa manche. La manière dont ton directeur, court-circuitant toutes les instances de la Faculté et tournant la décision qui avait été votée par le Conseil est allé faire la cour à [N1] (autre superbe cas de figure du syndrome en question qui, paraît-il, ne veut plus entendre parler de lui maintenant – mais il est trop tard) pour installer votre labo peut en fournir un exemple. Tu t’étonnes que sa gloire t’éclabousse quelque peu quand tu poses ta signature après la sienne ? C’est comme si, étant serveur dans un restaurant tenu par Landru, tu ne voulais rien savoir du rôti... (¡¡¡)

À plus, car il y a matière....

Bien cordialement,


B. C.




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