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anthropologie du droit
ethnographie malgache

présentation
3 Éléments d'Ethnographie Réunionnaise
Mots clés : Créolité Ancestralité Citoyenneté Départementalisation Patrimoine
Champs : Anthropologie du développement Anthropologie de l'image Patrimoine
Sociétés créoles Histoire postcoloiale Sociologie des institutions


1- Vingt ans après

2- Barreaux (en construction)
architecture créole

3- "Types de la Réunion" (en construction)
(don à la Société de Géographie du 6 novembre 1885)

4- Ancestralité, communauté, citoyenneté :
les sociétés créoles dans la mondialisation (dossier pédagogique)

5- Madagascar-Réunion :
l'ancestralité (dossier pédagogique)

6- Ethnographie d'une institution postcoloniale :
Contribution à l'histoire de l'université de la Réunion (1991-2003)


introduction : éléments d'analyse
présentation thématique
liste chronologique



Une nouvelle équipe décanale...

le 10 mai 1996


B. C.
Département d’Ethnologie

au
DOYEN [N11]
et au
VICE-DOYEN
de la Faculté des Lettres


Chers Collègues,


Permettez-moi d’abord, au nom des mes collègues enseignants-chercheurs en Sciences Humaines, de former des voeux pour la réussite de l’engagement que vous venez de prendre s’il répond, et nous n’en doutons pas, aux idéaux que des universitaires, par nature divers, peuvent avoir en commun – et cela quand bien même votre berceau n’aurait pas été ombragé par des fées au pedigree toujours immaculé.

Puisque votre présence au Conseil de Faculté et aux différents Conseils laisse espérer une meilleure transparence des décisions, je souhaiterais savoir par quelles manoeuvres une position arrêtée d’un commun accord - ainsi qu’il sied dans une communauté intellectuelle digne de ce nom - je veux parler de la répartition des locaux affectés aux différents Centres de recherche (ma lettre du 5 mai à [X]) – a été transformée en une “décision’’ radicalement contraire quelque temps plus tard, les victimes n’ayant d’ailleurs pas été informées de ce retournement.

Pour expliquer l’enjeu et les attendus de ma question - et pas seulement pour éviter le soupçon de marotte ou de paranoïa - je dois vous exposer que, lorsque je suis arrivé à l’Université de la Réunion, on m’a présenté un Plan de développement des Sciences humaines à la Faculté (que je tiens à la disposition de ceux que l’histoire de l’Université de la Réunion intéresserait) d’où il ressortait, alors qu’un Expert du Ministère venait de nous délivrer un brevet d’excellence (visé dans ma lettre à [X]) que le département d’Ethnologie, Troisième Cycle compris, allait être absorbé (“hébergé”, peut-être) par le département de.... [...].

Mon programme, en arrivant ici, était d’apprendre la société réunionnaise, d’enseigner de mon mieux et de me tenir bien sagement dans mon coin. J’ai dû rapidement renoncer à ce plan de vie irénique. Il m’a bien fallu prendre la mesure de cet aigle de l’esprit, le principal concepteur de ce projet, qui allait nous dévorer comme des petits oiseaux. Son dossier d’habilitation, qui venait d’être soutenu à la Faculté - et qui mériterait d’entrer dans le livre Guinnes des records - était en effet des plus inquiétants, car son vide presque absolu (un membre du jury devant me révéler, plus tard, l’escroquerie à la traduction de son principal argument) montrait que l’habilitation en cause était le premier acte de ce “plan de développement” qui, lui-même, n’était rien d’autre que le plan de carrière de ses trois auteurs.

L’un d’eux a été éjecté par le CNU, le second, lui aussi disqualifié par le CNU, est rentré par la fenêtre à la faveur de la réforme qui a donné à la Commission de spécialistes locale la préséance sur le jury national et le troisième, son habilitation obtenue, court-circuitant systématiquement les instances de la Faculté et s’autorisant de l’incompétence de collègues occupant ce qu’ils croient être des positions d’autorité – il faut n’avoir jamais fréquenté l’université pour s’imaginer et faire accroire qu’un Doyen ou Président, qui n’est que le garant de la légalité des actes administratifs, a du “pouvoir” – fait ses affaires avec le bonheur que l’on sait. Il est d’ailleurs probable que, ayant réussi à attraper le chapelet de saucisses qu’il convoitait, il se tienne coi quelque temps, occupé à digérer les profits de sa saga réunionnaise – sans se gêner, du reste, pour faire un pied de nez à ceux qui lui ont fait la courte échelle...

On m’objectera que, dans le coup de force de l’occupation des locaux qui fait l’objet de ma question, ce n’est pas le département de Communication qui est en cause, mais l’URA. Eh bien, si certains d’entre nous se demandaient si l’URA, précisément, ne tirait pas depuis plusieurs années des chèques sur le crédit [du créateur de ce laboratoire] dont le compte réunionnais n’est plus approvisionné depuis longtemps, ils en trouveraient ici la confirmation. Le fait que, démission des chercheurs aux titres et aux publications les plus incontestables et désengagement des autres, l’O.P.A. de [...] sur l’URA d’Etudes créoles, autrement dit sur le label CNRS (quoique le statut d’unité associée permette le recrutement d’à peu près n’importe qui) ait pu réussir, ce que j’avais pour ma part prévu, en dit long sur l’état des troupes, quelle que puisse être la valeur individuelle.

S’il existait à la Faculté des Lettres une réelle instance d’évaluation scientifique, que je réclame depuis mon arrivée, en octobre 1991, et qui existe dans toutes les universités, de tels faits seraient tout simplement impensables. Mais il me paraît évident que tout ceci relève d’abord d’un problème de “bonne compagnie”. Quand j’invite quelqu’un chez moi, je ne vérifie pas ses poches pour voir s’il n’emporte pas les petites cuillers. Il ne me viendrait pas à l’idée de suspecter de noirs desseins les collègues d’autres disciplines avec qui j’échange des articles ou avec qui j’ai des discussions scientifiques. Si les règles de bonne conduite doivent être rappelées, et toujours à l’adresse des mêmes, c’est que, dans la bergerie des moeurs universitaires se sont introduits, sous des prétextes pédagogiques divers, des mâchoires et des appétits qui n’ont rien à faire à l’université.

En espérant que vous aurez les moyens de répondre à ma question et de proposer des mesures permettant de mettre fin aux usurpations, je vous prie de croire, Chers Collègues, à l’expression de mes sentiments dévoués.


B. C.



Copie
- aux membres du Conseil de Faculté,
- au Président de l’Université.

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